UNE URGENCE : ROMPRE AVEC LA POLITIQUE RETAISE DE L’APPEL D’AIR

Nous vous communiquons, ci-après, un article de Ile2Ré Infos signé par Patrick Salez avec l’autorisation de son auteur.

Patrick Salez est déjà intervenu pour dénoncer la politique rétaise en matière de tourisme. Ce qu’il avait prévu, arrive : la vie rétaise est de plus en plus perturbée par l’augmentation de la fréquentation. La qualité de vie des résidents en souffre, les déplacements deviennent difficiles, les pistes cyclables de plus en plus dangereuses, les bouchons au  pont de plus en plus nombreux, le foncier continue de se maintenir à un prix trop élevé, les aménagements routiers défigurent de plus en plus notre île, les libertés que prennent certaines personnes avec les réglementations sont de plus en plus nombreuses (souvent avec l’autorisation des maires chargés de les faire respecter), ……Bref,ce n’est pas une politique qui va vers un tourisme qualitatif mais uniquement quantitatif.  Il satisfait  une catégorie de  commerçants soucieux de faire un maximum d’argent pour aller investir ailleurs…., lorsque l’île n’aura plus la cote,

Voici l’article de Patrick Salez que nous partageons à 100 % :

Une urgence, rompre avec  la politique rétaise de l’appel d’air

Patrick Salez, ile2re.info, 27 juin 2018

 

C’est un fait, les chiffres de passage du pont augmentent beaucoup plus vite que la population nationale: + 5 à 6 % en moyenne à chaque week-end de l’Ascension et de la Toussaint. L’île se gave de voitures et les horaires des bouchons de sortie sont impossibles à prévoir. Pourtant Destination île de Ré ne relâche pas sa course à l’attractivité et ses campagnes de promotion, sous couvert (quelle ironie !) de tourisme qualitatif  et désaisonnalisé. Pendant qu’Airbnb démultiplie les capacités d’hébergement.

Plus grave, la Communauté de communes a choisi d’intensifier toutes les formes de mobilité, de fluidifier le trafic routier et d’augmenter les capacités des parkings. Oubliant simplement que cela a pour effet d’aspirer plus de touristes vers l’île. Une politique de « l’appel d’air » qui vient s’ajouter à l’appel (naturel celui-ci) de la météo.  En voici trois exemples :

– Les pistes cyclables : la belle époque des premières pistes est loin. Le circuit fait 110 kilomètres et bientôt plus. Cette itinérance douce fait partie intégrante de la marque Ile de Ré : Vélo, rando, dodo dit le slogan. Les excès sont atteints et ce nouvel art de vivre se transforme régulièrement, sur l’île, en art de se blesser (et de blesser les autres), étant donné la densité de cyclistes pour la plupart peu familiers de la petite reine. Adepte du vélo, je fuis ces pistes durant les périodes de forte affluence, malheureusement de plus en plus étendues. Et je ne parle pas de l’incivilité à la française ni de l’agressivité caractéristique des conflits d’usage en espace restreint.

– Le parking du Phare des Baleines : sous couvert d’un parking végétalisé valorisant un paysage emblématique, destiné à s’inscrire comme Grand Site de France, on a tout simplement artificialisé plus fortement la Pointe des Baleines. 350 places de parking avec, de surcroît à venir, un parking de délestage, un pôle d’échange de bus (comprendre « gare routière ») et un parking de cars de tourisme. Au bénéfice de l’accueil touristique et au détriment des riverains soumis aux nuisances sonores et visuelles.  Le tout en détournant la convention de l’écotaxe de ses utilisations premières.  Et sachant qu’il y avait d’autres solutions, moins consommatrices d’espace et moins nuisibles. Amis oléronnais, j’envie votre Phare de Chassiron et ses espaces environnants. Mais le pauvre (!!!) n’accueille que 170.000 visiteurs à l’année contre 400.000 pour le Phare des Baleines. Question de choix.

– Le projet Mobilité : un grand projet à la pointe de l’innovation, un laboratoire expérimental  de la mobilité (*) dont nous retiendrons pour l’instant deux initiatives : une troisième voie sur le pont en positionnant les actuelles voies piétonnes et cyclables en encorbellement; une voie de bus en site propre entre Sainte-Marie et Rivedoux-sud dans le sens de la sortie de l’île. L’hypothèse paraît noble au premier regard : fluidifier le transport collectif en lui assurant une vitesse constante (et en densifiant sa fréquence) pour réduire le recours à l’automobile (**) ; au second regard, cela revient à augmenter la « capacité d’accueil » des routes insulaires et du pont et donc à aspirer plus de voitures.

Ne convient-il pas de rappeler ici que le tourisme est un secteur d’activités privé que la puissance publique doit accompagner (c’est largement fait), puis réguler ? Car notre territoire est modelé, suréquipé, défiguré au profit de l’accueil d’un nombre de touristes toujours plus important.  Et il est évident que nous avons atteint un point critique: celui où il faut urgemment choisir entre le tout tourisme et la qualité de vie des résidents!

 

(*) vous l’avez sans doute remarqué, l’île fait aujourd’hui figure de modèle national (au minimum) pour l’environnement, la prévention contre les risques de submersion marine, la gestion des déchets, le marketing touristique et bientôt la mobilité. On est des champions !

(**) rien à redire à l’offre de transports en commun sinon qu’il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle séduise les familles à enfants multiples et bagages conséquents. Ni les visiteurs à la journée qui trouvent les bus trop lents et trop incertains.